Pourquoi la structuration des grands projets d’infrastructures en Afrique est-elle une priorité ?

Financer l’amont des projets, bâtir des partenariats entre les opérateurs publics et privés,
l’AUDA-NEPAD accélère ses efforts pour faire progresser le développement du continent.

Depuis le Sommet de Dakar sur le financement en juin 2014 et l’appel du président Macky Sall pour faire avancer les projets à fort impact à travers le continent, notamment ceux de corridors intégrés à dimension régionale, des projets nationaux et transnationaux ambitieux sont présentés chaque année. Les derniers chiffres publiés par le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) en 2018, le niveau des engagements en matière d’infrastructures africaines a dépassé pour la première fois, les 100 milliards de dollars pour atteindre 100,8 milliards de dollars, en augmentation de 24% par rapport à 2017. Les gouvernements africains ont été la principale source de financement des infrastructures, avec 37,5 milliards de dollars (37% du total des engagements), suivis par la Chine, qui a engagé 25,7 milliards de dollars (25%). Pour sa part, le secteur privé n’a participé qu’à hauteur de 11,8 millions de dollars soit 12% de l’ensemble. Étant donné le potentiel élevé d’investissement du secteur privé dans le domaine des génisses, nous devons concentrer nos efforts sur la structuration de l’infrastructure pour répondre aux besoins d’investissement.

Le temps nécessaire à l’élaboration et à la structuration des projets d’infrastructure est long, dans le meilleur des cas, il faut généralement compter entre 3 et 7 ans avant de les clôturer sur le plan financier. De plus, selon un rapport du Forum Okan / CEO Forum, 83% des partenariats public-privé africains sont abandonnés, non pas par manque de financement, mais parce qu’ils sont mal conçus ou non commercialement viables. Les coûts de développement des projets d’infrastructure de grande envergure en PPP peuvent représenter de 5 à 10 % de l’investissement total du projet.

Pour éviter ces pertes de temps et d’argent, l’AUDA-NEPAD et ses partenaires ont développé une série d’outils pour soutenir la préparation et le financement en amont des projets d’infrastructures régionales et nationales de l’Afrique afin de permettre une définition et une structuration plus efficaces, adaptées aux besoins des investisseurs. Des mécanismes de financement connexes sont nécessaires pour couvrir les coûts de développement des projets, y compris la gestion des projets, les conseils en matière de transactions, les études techniques (préfaisabilité, ingénierie, faisabilité, développement socioéconomique, environnement), les plans d’affaires, les modèles financiers, etc.

Le niveau élevé des défis techniques, de la complexité des environnements différents à la nature transnationale de certains projets d’infrastructure – comme le projet de transmission 330 KV du Noyau de Niort traversant quatre pays (Nigeria, Niger, Bénin, Burkina Faso) – nécessite un très haut niveau d’expertise et la mobilisation de nombreux opérateurs internationaux, entraînant ainsi des coûts supplémentaires.

Grâce à des mécanismes d’assistance technique spécifiques, tels que le SDM (Service Delivery Mechanism), les études préparatoires pour la construction du tronçon de 1 000 km entre Abidjan et Lagos ont mobilisé un cofinancement de 22,7 millions $US de la BAD et de l’Union européenne. Une équipe d’experts a travaillé pendant 18 mois pendant la phase préparatoire à Lagos pour permettre la mise en place du corridor Abidjan-Lagos. Ce projet a conduit, au sein de la CEDEAO, à la signature d’un traité multilatéral entre les chefs d’État et de gouvernement du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Nigeria et du Togo, créant une autorité supranationale, l’Autorité de gestion du corridor Abidjan-Lagos (ALCoMA), une première africaine. L’ALCoMA facilitera la gestion et la coordination de l’ensemble du cycle du projet, de la préparation à la construction, y compris l’exploitation et la maintenance.

Le mégaprojet LAPSSET en Afrique de l’Est, dont le coût total est estimé à 25 milliards de dollars, est un exemple d’initiative gouvernementale importante visant à établir des partenariats transnationaux entre les institutions publiques et privées, dans la même logique d’intégration et d’inclusion. Parmi les projets en cours de réalisation, on peut citer le port de Lamu au Kenya, une ligne de chemin de fer à écartement normal reliant Djouba au Sud-Soudan et Addis-Abeba en Éthiopie, la construction d’un large réseau routier, deux oléoducs au Sud-Soudan et en Éthiopie, une raffinerie de pétrole à Bargoni au Kenya, trois aéroports, etc. Cette série ambitieuse de projets implique un échantillon représentatif d’investisseurs nationaux et internationaux, tant en dette qu’en fonds propres.

Afin de faciliter et d’approfondir le dialogue public-privé nécessaire pour lever l’un des principaux obstacles au développement des infrastructures sur le continent – l’absence de prise en compte des contraintes du secteur privé dans la mise en œuvre des grands projets – le Réseau commercial continental (CBN) a été lancé en marge du Forum économique mondial au Cap, Afrique du Sud, en juin 2015. Les dirigeants du secteur privé sont systématiquement invités à partager leurs conseils et leurs capacités en ordonnance pour faire avancer les projets d’infrastructures critiques conseillés par l’AUDA-NEPAD.

Il est essentiel que nous travaillions activement afin de combler nos lacunes en matière d’infrastructures – en abordant la question plus large des approches intégrées du développement des infrastructures tout en établissant des partenariats avec les principales parties prenantes : le secteur privé, les investisseurs institutionnels, les gouvernements africains et les partenaires de développement volontaristes.

Nous devons nous engager ensemble dans le cadre de collaborations entre les secteurs public et privé afin de poursuivre le développement d’initiatives telles que l’Agenda de 5 % pour mobiliser les fonds des fonds de pension africains et le Mécanisme de garantie pour les infrastructures en Afrique afin d’élargir les garanties, créant les conditions favorables nécessaires pour attirer davantage de capitaux privés vers les infrastructures africaines.

Published by