Les communautés locales, relais dans la lutte contre la pandémie

Les organisations locales africaines contribuent fortement à contenir la pandémie. Elles ont montré à travers le temps leur utilité sociale et leur capacité de résilience.

L’AUDA-NEPAD a pris très tôt la mesure de la pandémie et de l’importance d’une réponse coordonnées au niveau continental. Nous avons noué des partenariats, mobilisé des ressources avec la création d’un fonds pour lutter contre le coronavirus, dont les engagements totalisent déjà 20 millions de dollars.  Nous avons planifié les modalités d’intervention de lutte contre cette pandémie dans les domaines stratégiques de santé publique et plus largement de politique publique, mais aussi en soutien au secteur privé sévèrement impacté par la récession mondiale. Notre plan d’action vise principalement les sept domaines suivants : Prestation de services de santé ; ressources humaines pour la santé ; recherche, développement, innovation et fabrication locale ; éducation et formation ; compétences et employabilité ; sécurité alimentaire et nutritionnelle ; et financement.

Sur le terrain, au quotidien, des agents de développement local, des responsables politiques, associatifs ou religieux communiquent au plus près des communautés pour faire ce travail, ô combien essentiel de sensibilisation à la lutte contre le virus. Les dispositifs mis en place cette dernière décennie pour lutter contre les différentes épidémies notamment contre le virus Ebola permettent aujourd’hui de disposer des infrastructures, des personnes et des ressources mobilisables rapidement.

En Sierra Leone, les centres de santé communautaire ont été construits au fil du nombre de cas de personnes infectées par le virus Ebola. Ils ont servi à mettre en quarantaine et à soigner ceux qui pouvaient encore l’être. Un maillage constitué de soignants, des auxiliaires médicaux formés pour les assister, de membres de la communauté villageoise, de responsables régionaux a permis de détecter, d’isoler les malades et de sensibiliser les familles pour éviter la propagation du virus. Ce dispositif a fait ses preuves, le dernier cas Ebola en Sierra Leone a été soigné début mars 2020 quelques jours avant que le premier cas de Covid-19 soit déclaré dans le pays.

« À travers le continent, à chaque fois qu’il a fallu se mobiliser, nous avons pu compter sur nos réseaux de proximité, engagés au service de la communauté. »

Les enseignements alors tirés ont permis au pays d’anticiper la propagation de la pandémie suivante. Le même type de maillage s’est créé au Nigeria pour endiguer la polio. Ce même réseau des agents de santé communautaire, plus de 7000 à travers le pays, a été formé dans des délais record à la détection de tout cas suspect de Covid-19. Nous pourrions citer bien d’autres exemples au Ghana, au Sénégal, en Maroc, en Éthiopie, au Rwanda et partout en Afrique, de réseaux locaux qui, de manière agile et résiliente, ont pris le relais des gouvernements dans cette lutte contre la propagation du virus.

L’AUDA-NEPAD a conscience du rôle central de nos communautés traditionnelles, religieuses ou locales dans le développement inclusif du continent. L’Agenda 2063, adopté en 2015, s’appuie sur les organisations traditionnelles pour soutenir nos politiques de développement.  À travers le continent, à chaque fois qu’il a fallu se mobiliser, nous avons pu compter sur nos réseaux de proximité, engagés au service de la communauté.

Les sociétés africaines sont des sociétés de communautés, et non d’individus. Elles sont maillées d’innombrables solidarités qui leur donnent cette très forte résilience. Elles structurent les liens sociaux et soutiennent le développement économique, encore plus chez les jeunes, les femmes et les populations vulnérables. Elles préservent nos cultures pour permettre de les faire survivre au temps qui passe, au mépris des pires catastrophes même sanitaires. La gestion de la pandémie du Covid-19 particulièrement dans les pays occidentaux dont le fonctionnement communautaire est moins ancré dans la culture nous rappelle que les solutions se trouvent chez nous. Et peut-être le reste du monde pourrait-il s’en inspirer.

Published by