Redonnons sens au collectif

À la veille du 33ème Sommet de l’Union africaine qui se déroulera les 9 et 10 février prochains en présence de tous les États du continent, il est essentiel de rappeler les liens qui nous unissent. Réinvestir nos territoires, renforcer nos régions économiques, abolir les frontières douanières, nous émanciper des contraintes extérieures sont autant d’éléments pour qui nous permettrons de retrouver du sens à nos actions et de stimuler notre capacité à nous rassembler autour de valeurs communes. 

Un changement de paradigme est indispensable

La nouvelle décennie qui s’ouvre porte l’espoir d’un changement de paradigme si nous respectons ce que nous prônons. Notre continent, dont la jeunesse et le dynamisme sont les vraies richesses, devra répondre aux attentes fortes de justice sociale et d’équité dans la répartition des richesses d’une population de plus en plus intégrée autour d’une conception mondialisée de la vie économique et politique. Nous n’avons d’autre choix que de repenser notre rapport à nous-mêmes et au reste du monde. Pour cela, dès à présent nous avons cherché à inclure et fait participer notre jeunesse dans la conception et à la mise en œuvre de l’Agenda 2063, notre vision continentale de transformation socio-économique.

Jouer collectif

Depuis sa récente création, l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) promeut l’intégration économique régionale, les projets transfrontaliers et vise à renforcer sa coopération avec les communautés économiques régionales. La mise en route des grands projets prioritaires du PIDA – les corridors Nord-Sud ou Abidjan-Dakar, le corridor côtier Abidjan-Lagos, les lignes ferroviaires Dakar – Bamako, la ligne de Transmission Zambie – Tanzanie – Kenya (ZTK) et tant d’autres réalisations – est la concrétisation de notre désir de faire ensemble. Désormais, la marche de l’intégration régionale va dans le sens d’un continent interconnecté, dépassant évidemment les frontières.

« C’est aussi une opportunité pour les acteurs politiques et économiques africains de viser des consensus démocratiques et d’adopter une position commune dans les négociations internationales. »

Faire face au changement climatique

Inscrites dans l’Agenda 2063, la protection de la biodiversité, la conservation et la gestion durable des ressources naturelles, la sécurité en eau, les énergies renouvelables représentent des choix stratégiques critiques. En effet, il n’y a pas de croissance durable sans inclusion et cela encore plus vrai dans les années à venir. L’urgence de relever les défis posés par le changement climatique impose une double démarche : atténuer les causes et s’adapter aux conséquences. D’où la nécessité de miser sur un développement à plus forte valeur écologique possible. Cela implique de planifier différemment et de mettre en application des mesures concrètes d’adaptation, et de mettre en application des mesures concrètes d’adaptation, DE renforcer la résilience, de revoir nos systèmes alimentaires, d’adopter des économies vertes résistantes au changement du climat, d’améliorer la veille climatologique et météorologique… C’est aussi une opportunité pour les acteurs politiques et économiques africains de viser des consensus démocratiques et d’adopter une position commune dans les négociations internationales.

Faire tomber les frontières pour une libre circulation des personnes

Sauf à nier l’évidence, les déplacements de population répondent à un besoin de survie, et de sécurité. Entraver ce mouvement, c’est courir le risque de voir des populations pauvres captives d’un cercle vicieux d’appauvrissement et les zones les plus dynamiques privées de force de travail. Repenser nos frontières pour autoriser une libre circulation. Nous devons travailler à rendre cela possible et dans les meilleures conditions.

Dans cette optique, des étapes importantes ont été franchies concernant deux des objectifs clés de l’Agenda 2063 : la création d’une zone de libre-échange à l’échelle continentale, ZLEC et celle d’un marché unique du transport aérien (SAATM – Single African Air Transport Market). En effet, 80% du trafic aérien en Afrique est encore assuré par des compagnies étrangères au continent. Objectif majeur de l’Agenda 2063, le SAATM a été lancé le 28 janvier 2018 par la Commission de l’UA. La libéralisation de l’accès au marché entre États africains, le libre exercice des droits de trafic et la libéralisation des fréquences doit permettre de contribuer à l’intégration et à la croissance socio-économique du continent. Pour ce qui est de la ZLEC, mise en route en mars 2018, une fois en vigueur, elle sera la plus grande zone commerciale du monde, devant théoriquement augmenter le commerce intra-africain de 52% d’ici 2022, supprimant les droits de douane sur 90% des marchandises. Libérons nos espaces sur terre ou dans les airs. Ceci est un défi.

Nous sommes désormais à la croisée des chemins. Nous n’avons jamais collectivement été aussi conscients de nos ressources matérielles et immatérielles, de nos forces, de notre place à créer dans ce monde incertain. Dans le même temps, ces incertitudes face aux grands changements démographiques, climatiques, politiques ou économiques s’accélèrent. À l’orée de cette nouvelle décennie, notre responsabilité en tant que citoyens est de veiller à ce que les espoirs de notre jeunesse et les rêves des leaders fondateurs ne soient pas vains.

Published by