L’Afrique unie face à la pandémie

L’Union africaine n’a jamais aussi bien porté son nom.  La pandémie est là, chaque jour de nouveaux cas. Notre continent, jusque-là épargné, voit le nombre de personnes contaminées bondir. La question n’est plus de savoir si nous sommes prêts à l’affronter, mais de faire front, ensemble, face à ce virus qui ne connaît ni frontière ni ethnie.

Solidarité du corps médical
À peine le premier cas de Covid-19 déclaré et l’Union africaine réunît les ministres de la Santé le 22 février pour élaborer une stratégie à l’échelle continentale et créer un groupe de travail, l’Africa Coronavirus Task Force (AFCOR), comprenant six équipes techniques travaillant en étroite collaboration avec les États membres, l’OMS et Africa CDC (Center for Disease Control). L’institution technique de l’UA, née pour soutenir les initiatives de santé publique, est en première ligne dans cette course contre la montre.  Début février, seuls le Sénégal et l’Afrique du Sud étaient en mesure de dépister des cas. Le CDC africain a soutenu les 55 États membres dans le renforcement des capacités au niveau national en formant sur des priorités clés telles que la surveillance des maladies au point d’entrée, la surveillance événementielle dans les établissements de santé communautaire et les diagnostics en laboratoire.

Grâce au partenariat instauré entre le CDC et l’OMS, 43 pays en sont désormais capables. Preuve s’il en est qu’une stratégie coordonnée porte ses fruits. L’Africa CDC a ciblé 3 pays où les risques de propagation du virus sont très élevés : le Nigeria, le Cameroun et le Kenya. L’institution a estimé pour le moment 850 000 dollars la somme nécessaire au renforcement des capacités de réponse au Covid-19 dans ces pays. Cette somme, même modeste, permettra d’une part de former et renforcer les capacités de diagnostics en laboratoire et d’autre part, de soutenir les pays ciblés dans l’acquisition d’outils statistiques autant que de techniques performantes de surveillance de la maladie. Certes, nous n’avons pas les moyens des pays développés, pourtant dépassés par l’ampleur de la catastrophe. Notre salut est à trouver dans notre capacité à prévenir et à isoler les foyers de contamination. Pour cela, nous devons ensemble trouver nos solutions en mobilisant nos ressources internes.

Solidarité économique
Pour soutenir cet effort de guerre, toutes les institutions financières panafricaines sont mises à contribution. D’ores et déjà, la BOAD, la Banque ouest-africaine de développement a débloqué 120 milliards de francs CFA sous forme de prêts de 15 milliards de francs CFA (23 millions d’euros) à chacun de ses huit États membres. La banque s’engage à geler une partie de la dette de ces pays estimées à 76,6 milliards de F CFA.

La Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEAT) a réservé pour sa part une enveloppe de 100 millions de dollars pour soutenir les efforts des pays de l’Afrique subsaharienne en matière de prévention et de limitation de la propagation de la pandémie. La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a annoncé une facilité de 3 milliards de dollars, appelée faciliter d’atténuation de l’impact du commerce pandémique, pour aider les banques centrales des pays africains à faire face aux impacts économiques, notamment les défauts de paiements commerciaux de la pandémie de Covid-19. Ce fonds sera également disponible pour soutenir et stabiliser les ressources en devises des banques centrales des pays membres, leur permettant de soutenir les importations critiques dans des conditions d’urgence.

Solidarité militaire
Nous gardons en tête notre objectif inscrit dans l’Agenda 2063 : faire taire les armes. Pour préparer la paix, il faut parfois préparer la guerre. À cet effet, une réunion conjointe UA-CEDEAO-G5 Sahel sur le déploiement des forces africaines de 3000 militaires au Sahel s’est tenue le 16 mars à Niamey au Niger. L’UA va déployer des troupes supplémentaires, 3 000 militaires, pour appuyer les efforts des pays du G5 Sahel. L’armée tchadienne a encore dû essuyer seule des attaques meurtrières et quasi simultanées perpétrées par Boko Haram contre ses positions à Boma dans le lac Tchad et un convoi de l’armée nigériane à Konduga dans l’État du Borno.

Nous espérons que sera entendu l’appel d’urgence lancé à l’Afrique et à la communauté internationale par le Président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, pour une solidarité opérationnelle dans la lutte contre le terrorisme.

Cette pandémie mondiale doit nous rappeler l’essence même de nos institutions, la raison d’être de l’AUDA-NEPAD : la mise en commun de nos forces pour dépasser l’adversité, pour notre survie. Notre sens de la solidarité familiale et communautaire n’est plus à démontrer. En portant et supportant nos parents, nos familles, nos voisins, nos alliés, nous faisons comme nos ancêtres, protéger les humains. Aussi en ces temps contrariés, montrons-nous exemplaires et continuons à faire vivre en nous cette solidarité, notre plus noble héritage.

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