Mon message lors de la conférence « Repenser le développement en Afrique » à l’Université de Columbia | SIPA

Le 27 septembre 2019, j’ai eu l’occasion de partager mon opinion et ma vision sur les grands enjeux qui animeront le débat sur le développement de l’Afrique à l’occasion d’une conférence organisée par Columbia University School of International and Public Affairs sous le thème : « Repenser le développement en Afrique ».

J’ai pu aborder les sujets suivants : les transitions de l’Afrique par rapport aux politiques ; la gouvernance par rapport aux politiques ; les incertitudes mondiales par rapport aux incertitudes de l’Afrique ; et les réflexions sur la façon de repenser le développement.

Il n’est pas prudent de continuer à considérer le « développement » dans les paradigmes traditionnels, considérant que le « développement » lui-même exige une nouvelle réflexion pour qu’une véritable transformation puisse avoir lieu, compte tenu des conditions actuelles.

En effet, les transitions critiques qui ont lieu sur le continent incluent les transitions démographiques, technologiques, naturelles, les changements climatiques, les systèmes de gouvernance ainsi que les transitions du développement humain. Aucune de ces transitions ne peut être traitée indépendamment et, de plus, les transitions rendent la tâche difficile aux jeunes de l’espace du développement, qui ont déjà une perception négative de l’action des responsables politiques. Par conséquent, les décideurs doivent bien comprendre ces transitions et s’y préparer adéquatement.

Les relations de pouvoir ont fondamentalement changé, ce qui signifie que les systèmes de gouvernance sont inadéquats. Par conséquent, l’inadéquation des systèmes de gouvernance rend le pouvoir non pertinent, comme cela a été démontré récemment dans plusieurs pays du continent.  Il y a donc un glissement du pouvoir du pouvoir centralisé vers des systèmes de gouvernance plus locaux et des communautés locales.

En outre, la gouvernance pourrait renforcer sa crédibilité grâce à des formes de gouvernance renouvelées et novatrices, comme c’est le cas d’un pays comme le Botswana, où l’inclusivité est un trait fort de son système de gouvernance. L’inclusion est donc un élément absolu et essentiel pour repenser le développement, contrairement à ce qui était le cas il y a des années.

En ce qui concerne les incertitudes mondiales et de l’Afrique, il a été observé que l’aide, qui était une composante importante des programmes de développement de l’Afrique, est en train de disparaître, le rôle du système multilatéral étant remis en question. En outre, un programme sur le développement durable mondial qui doit être appliqué par tous les pays montre que l’Afrique est à la traîne.

Cependant, l’Afrique s’intéresse maintenant à ses propres marchés régionaux et intérieurs par le biais de la Zone de libre-échange continentale africaine, ce qui signifie que même en cette période d’incertitude mondiale, l’Afrique a une grande chance à saisir. La fragmentation des pays africains nécessite que le continent mette en œuvre des solutions régionales aux défis nationaux et le renforcement des marchés régionaux et intérieurs pour restaurer la crédibilité des gouvernements nationaux.

Parmi les incertitudes de l’Afrique, on peut citer le fait qu’au cours des huit prochaines années environ, la plupart des présidents africains en exercice ne seront plus là, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux dirigeants qui sortiront des processus démocratiques. Les jeunes auront donc un rôle plus important à jouer dans les nouvelles administrations politiques du continent. Cependant, l’incertitude est de savoir si les nouveaux dirigeants émergeront de bases démocratiques solides ou de solutions populistes, ou même s’ils sortiront d’un nombre croissant de scénarios contradictoires.

En conclusion, j’ai réfléchi à la nécessité de repenser le développement, déclarant que la meilleure façon d’inclure les jeunes dans le cadre de développement de l’Afrique, Action 2063, est de les faire participer à sa conception et à sa mise en œuvre.

Un changement de paradigme est nécessaire dans la coproduction des politiques publiques. L’Afrique devra réinventer ses systèmes de gouvernance en responsabilisant les communautés locales et en mettant en œuvre des solutions régionales. Et la façon dont les gens s’identifient à la politique de développement, c’est la mesure dans laquelle ils sentent que leur dignité est respectée. De plus, repenser le développement, c’est aussi repenser les systèmes de justice.

Belinda Archibong, Professeure adjointe d’Économie à l’Université Columbia, intervenante à cette occasion, a déclaré que l’Afrique n’a pas vraiment besoin de développer l’aide, mais davantage le commerce. Elle a également noté qu’un autre domaine critique est celui de la réduction de l’écart de participation des jeunes dans les systèmes de gouvernance.

Akbar Noman, Professeur associé en Affaires internationales et publiques à l’Université de Columbia, également intervenant, a déclaré : « L’importance des transitions soulignées par le Dr Mayaki, en particulier celle sur la démographie, qui projette ce dont aura besoin la main-d’œuvre et ses liens avec le changement climatique, est importante pour répondre à la question de la création d’emplois.

Retrouvez l’intégralité de la conférence « Repenser le développement en Afrique » en vidéo, à l’Université de Columbia | SIPA le vendredi 27 septembre à New York. 

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