Favoriser le régionalisme africain à travers le développement des transports

Chaque année, l’Afrique progresse, lentement mais surement, vers une meilleure intégration politique et économique. De nombreux chantiers sont en cours, à l’image de la mise en place de la zone de libre-échange continentale (ZLEC) ou encore du Single African Air Transport Market. Il faut dire qu’aujourd’hui, le potentiel du commerce intra-africain reste encore sous-exploité, représentant seulement 12% du commerce total de l’Afrique. Et l’une des premières causes de la faiblesse de ses échanges commerciaux intracontinentaux reste des coûts de transport plus élevés que dans d’autres régions.

Dans une récente note de recherche, intitulée « Régionalisme en Afrique : Coûts de transport soft and hard », l’Agence française de développement (AFD) illustre justement l’existence d’un lien de causalité entre le niveau des coûts de transports et les faiblesses du régionalisme en Afrique. Sur le plan tarifaire, les chercheurs estiment que si les pays africains ont effectivement baissé les tarifs sur les produits de leurs partenaires commerciaux, leur niveau moyen reste plus élevé en Afrique que dans le reste du monde. Mais de nombreux autres obstacles participent à ces coûts du commerce comme des régulations excessives ainsi que des délais d’attente aux frontières et dans les ports préjudiciables pour les entreprises.

Cette note se focalise principalement sur l’analyse des mesures de facilitation du commerce (soft) et les indices de la performance logistique (hard), deux dimensions distinctes des coûts de transport. Dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale, le point de vue des entreprises est présenté à travers leur perception de la régulation et des capacités institutionnelles par exemple, constituant des indices soft. À l’inverse, le Logistic Performance Index (LPI) se base sur six aspects beaucoup plus quantitatifs et concrets (hard) comme la capacité à suivre les transports ou la fréquence à laquelle les envois arrivent en temps et en heure à bonne destination. Mêlant ces différentes données issues de la Banque mondiale, la conclusion est la même sur les deux aspects : l’Afrique est en queue de peloton, même par rapport à d’autres régions émergentes.

Il y a donc urgence à agir pour désenclaver les pays africains entre eux à travers un grand nombre de mesures. Notre continent a tout à gagner à ce que les marchandises « circulent mieux dans un espace plus intégré » et que « des chaînes de valeur » puissent « se mettre en place au niveau africain avant de rejoindre les circuits internationaux ». L’importance à accorder au secteur des transports et à la performance logistique est donc décisive pour permettre à l’Afrique d’augmenter la taille de ses marchés et de réaliser des économies d’échelles.

En parallèle, l’intégration régionale doit prendre corps au niveau institutionnel et réglementaire, pour décongestionner nos frontières et nos ports par l’harmonisation de nos politiques douanières. S’il parvient à combler ce retard, notre continent sera en capacité de générer un surplus d’intégration et donc de croissance économique, dont les gains profiteront à nos populations et à l’amélioration de leurs conditions de vie. Il ne nous reste plus qu’à prendre ensemble, nous pays africains, la route de l’intégration régionale en brisant les barrières qui entravent nos relations commerciales.

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